" À la fonte des glaces, je déterre les racines sur l’île fauve. Je monte dans le canoë jaune. Je pagaie autour de la maison. Je m’étourdis dans le long serpent noir. Je longe les murs qui se fissurent. Je passe mes doigts dans les lézardes pour écarter les murs, découvrir d’autres pièces secrètes, d’autres escaliers qui descendent vers des plages noires recouvertes de pierres phosphorescentes qui mènent à la rivière. Je pagaie des heures, le dos droit, je vis parmi ces indiens d’Amérique qui connaissent par cœur les méandres, le réseau hydraulique tatoué sur leur dos — regardent les cartes comme des vaisseaux sanguins. Je vais jusqu’au rocher blanc, le plus haut point de la rivière. Je regarde l’ange noir plonger dans la nuit. Il connaît les algues qui se cachent sous la surface de l’eau. La lumière jaune des canoës apparait. Leur mouvement crée un sillage bleu dans l’eau noire. Une ombre un peu plus claire, moins dense que la nuit — long secret dans lequel je descends. Les lianes me frôlent. La nuit enveloppe mes mains — elle noue mes poignets au siens. "
Marine Lanier Extrait du site de l'Imagerie
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