" J’expérimente, je teste... C’est souvent un moteur incroyablement efficace pour me faire avancer. Je travaille en mouvement ce qui me procure des effets directs à la prise de vue... Je me laisse guider par mon ressenti et mes émotions. Mon travail est à l’image de ma perception du monde. Des paysages, des silhouettes et des autoportraits qui oscillent entre rêve et réalité, laissant libre cours à l’imagination de chacun ". Extrait du site de Sophie Patry |
Dans la nature de Sophie PATRY, il y a un chaos convulsif. Il surgit des existants en forme d’esquisses hallucinées. Peut-être la sève interdite de l’arbre des origines. Elle a l’instinct singulier, elle n’explique pas sa pratique, c’est souvent les autres qui l’expliquent. Elle laisse sa pratique évoluer plutôt que de l’analyser. L’intuition sensible, quand elle crée, elle fait des photographies, elle se sent bien quand elle est avec son appareil photographique, elle a juste à faire, cela devient facile, simple. Elle se raconte au travers de ses clichés et c’est finalement beaucoup plus intéressant pour elle. Ses intuitions, elle les met entièrement au service de sa pratique. Sophie PATRY est une photographe singulière où la photographie devient dessin/peinture et vice-versa. Elle suit son instinct. Le corps est façonné par les émotions, elle a besoin d’une manière irrépressible d’aller fouiller ce corps au travers de ses autoportraits. La beauté possible est contaminée par la beauté réelle dans les différentes photos, les autoportraits/la nature/les silhouettes etc... Il y a une ambiguïté, la beauté prend son prestige de la photographie académique. Sophie PATRY est résolument une artiste étonnante... (Extrait d'un texte de Louis TARTARIN, le 4 juin 2016)
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Existe-t-il du flou dans le réel ou est-ce seulement nos yeux, nos appareils qui forgent son pays ?
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Mais alors me rétorquent les nuages, que dirent de nos dilutions, nos approximations avec l’azur ? Parfois en leurs limites mes yeux se perdent dans une complexité de directions comme en un trop plein d’embouchures pour la fibre blanche.
« Il y a brouillard quand la visibilité est inférieure à 1 km ; lorsqu’elle dépasse 1 km il y a brume » dixit Larousse. Le brouillard arrive par temps calme et pourtant, pour « brouiller » quelque substance, il est nécessaire de l’agiter.
Désolidariser les cellules, étirer leurs liens, c’est laisser la netteté au minuscule. Il en va de manière similaire pour les particules de vapeur d’eau comme pour les grains photographiques, ils restent entiers, délimités quoique l’image puisse en dire, quelle que soit l’étendue de la nuée.
Alors le flou ne viendrait-il pas de notre incapacité à imaginer une ligne à partir de points ?
...
Le flou a trouvé sa place dans notre imaginaire métaphysique. Pour les moins mystiques d’entre nous, des qualités proches de celles du songe lui sont conférées. La non-assise au sol, le brouillage du fond et de la forme appellent un monde rêvé où les lois physiques à l'oeuvre seraient autres, dérangées, les équations différées. Ainsi il en va des photographies de Sophie Patry. Ses photographies ont le pouvoir de nous défaire de la pesanteur.
Extrait d'un texte de Laetitia Bischoff paru dans la revue TK-21
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Mais alors me rétorquent les nuages, que dirent de nos dilutions, nos approximations avec l’azur ? Parfois en leurs limites mes yeux se perdent dans une complexité de directions comme en un trop plein d’embouchures pour la fibre blanche.
« Il y a brouillard quand la visibilité est inférieure à 1 km ; lorsqu’elle dépasse 1 km il y a brume » dixit Larousse. Le brouillard arrive par temps calme et pourtant, pour « brouiller » quelque substance, il est nécessaire de l’agiter.
Désolidariser les cellules, étirer leurs liens, c’est laisser la netteté au minuscule. Il en va de manière similaire pour les particules de vapeur d’eau comme pour les grains photographiques, ils restent entiers, délimités quoique l’image puisse en dire, quelle que soit l’étendue de la nuée.
Alors le flou ne viendrait-il pas de notre incapacité à imaginer une ligne à partir de points ?
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Le flou a trouvé sa place dans notre imaginaire métaphysique. Pour les moins mystiques d’entre nous, des qualités proches de celles du songe lui sont conférées. La non-assise au sol, le brouillage du fond et de la forme appellent un monde rêvé où les lois physiques à l'oeuvre seraient autres, dérangées, les équations différées. Ainsi il en va des photographies de Sophie Patry. Ses photographies ont le pouvoir de nous défaire de la pesanteur.
Extrait d'un texte de Laetitia Bischoff paru dans la revue TK-21
"L'avenir est aux fantômes" disait Jacques Derrida.
Son corps est un paysage. Paysage de lumière. Démultipliè. Spectralisé. Spectralisation de Sophie. Les photographies où Sophie est l'oeil photographique et le paysage. On dirait un songe d'elle même. D'autres Sophie. Des soeurs. Projections, émanations d'elle. Devenirs animaux. Il y a l'animale, terrestre. Accroupie. Ramassée dans ses propres ondulations spectrales. On pense parfois à Francis Bacon. Une parenté. Un écho. Puis s'épanchent d'autres devenirs. Aériens. Quelque chose du vol, de l'envol. Mouvements encore. Et, d'autres fois, la texture d'une lumière de méduse. Opacité. Translucidité. Transparence. Lumière grise. Aplats noirs. Les états de lumière que son corps traverse. ... Car il y a ce corps. L'insistance spectrale d'une chair. Sa chair, photographique. Sa beauté. Entêtante. Nudité fantômatique qui happe et hante l'ombre gîtant au sein de nos têtes. Chambre mentale. Femme fantômale ou dédoublée ou perdue dans un espace qui est miroir de miroirs. Miroir devenu invisible, monde où la peau est apparence de lumière, transparence, membrane liquide et aérienne, feuilletée, lumière pure. Miroir de l'absence. Passage entre les mondes. ... Le réel est restitué à sa vérité vibratile, ondulatoire. ... Habiter, parcourir cette géologie du fantômatique. L'étrangeté du jour enfin dévoilée. Des passages à trouver. Extrait d'un texte de Jean Michel Maubert (octobre 2016) |
Paysage vieilli, l’arbre s’envole au bord du fleuve, désespérément enraciné dans le sol, il se tord de douleur, enivré d’une folle énergie, il tourne et appelle à notre bienveillance. Ne pas l’arracher pour céder au labourage de la terre. Les autoportraits sont inquiets mais ne désespèrent pas d’enlacer ses branches en silence un soir d’hiver, Sophie sautille dans la maison au plancher de bois, impatiente de sortir aux pas cadencés de la course folle du désir. Au loin un chapiteau flotte, la petite fille aux allumettes de Sarah Moon se cache derrière en attendant le retour de la trapéziste. La disparition et la guerre ne sont pas loin, oubliées de notre |
mémoire, elles continuent à hanter notre pensée. Les ruines de Saint-Pol Roux n’abritent plus que les craves noirs aux pattes et becs rouges. Leur colère sillonne les paysages tremblants, fantomatiques et la mer rugit au pied des champs à l’herbe rase, stoppée par une rangée d’arbres, une ultime protection.
Les arbres comme les personnages vibrent à l’unisson de la lumière. Il est impossible de s’arrêter, de se reposer, toujours au bord du gouffre, seuls ou en groupe, individus fantomatiques se tournant le dos, se frottant, se réconfortant peut-être sans ponctuation possible, pas de repos sur le chemin qui ne mène nulle part.
Sophie bouge, danse, saute, le mouvement est fixé à son appareil photo. Mon regard cavale, s’essouffle, comment la rattraper ? Je reprends ma respiration, le noir m’obsède, dire non, résister et pourtant la lumière éclabousse, elle s’infiltre dans le moindre interstice de mes perceptions.
Je fais une pose au bord de la mer, la plage rassure, la brume de mer envahit le sable, le paysage s’estompe laissant peu d’espoir à cette humanité qui se cherche. La beauté est sacrilège et Sophie la chevauche avec justesse, elle la dompte et nous la donne en partage en toute simplicité. « Au cœur des songes » est un rêve éveillé couvert d’un brouillard léger où la vie révèle son existence aux rythmes syncopés des pas qui sillonnent le temps.
Je saute d’un arbre à l’autre, je suis prise dans le tourbillon des contrastes, je cligne des yeux pour mieux tenir le mouvement, je m’absente, l’image m’absorbe…
Martine Chapin - La chambre claire Galerie - Novembre 2020
Les arbres comme les personnages vibrent à l’unisson de la lumière. Il est impossible de s’arrêter, de se reposer, toujours au bord du gouffre, seuls ou en groupe, individus fantomatiques se tournant le dos, se frottant, se réconfortant peut-être sans ponctuation possible, pas de repos sur le chemin qui ne mène nulle part.
Sophie bouge, danse, saute, le mouvement est fixé à son appareil photo. Mon regard cavale, s’essouffle, comment la rattraper ? Je reprends ma respiration, le noir m’obsède, dire non, résister et pourtant la lumière éclabousse, elle s’infiltre dans le moindre interstice de mes perceptions.
Je fais une pose au bord de la mer, la plage rassure, la brume de mer envahit le sable, le paysage s’estompe laissant peu d’espoir à cette humanité qui se cherche. La beauté est sacrilège et Sophie la chevauche avec justesse, elle la dompte et nous la donne en partage en toute simplicité. « Au cœur des songes » est un rêve éveillé couvert d’un brouillard léger où la vie révèle son existence aux rythmes syncopés des pas qui sillonnent le temps.
Je saute d’un arbre à l’autre, je suis prise dans le tourbillon des contrastes, je cligne des yeux pour mieux tenir le mouvement, je m’absente, l’image m’absorbe…
Martine Chapin - La chambre claire Galerie - Novembre 2020
Sophie Patry a obtenu le 2ème prix national du Géant des Beaux Arts 2019 pour une photo de sa série People
Principales expositions (P : personnelles ; C : collectives)
2020
Principales expositions (P : personnelles ; C : collectives)
2020
- novembre 2020 - janvier 2021 à Douarnenez (29) (P)
- Mars - Avril : "Au pays des songes" - Fondation Hôpital Cognacq-Jay - Paris 15ème (P)
- Juin : Maison des illustres - Les Ateliers Boggio - Auvers sur Oise (95) - (P)
- Juin - Août : Concorde Art Gallery - Paris 15ème (C)
- Octobre : "Journées de l'Arbre" - Salle Louis Lemaire - Parmain (95) (C)
- Octobre : Biennale "Festival in Champion" - Namur (Belgique) (C)
- Novembre - Décembre : "Petits Formats" - Galerie G&M - Villeneuve sur Yonne (89) (C)
- Novembre - Décembre : "Chimères" - L'Orangerie - Soisy sous Montmorency (95) (C)
- Décembre - Janvier 2020 : "Le Sacré" - Galerie d'Art Contemporain - Auvers sur Oise (95) (C)
- Mai : "Art Nude Ireland" - In-Spire Gallery - Dublin Irlande (C)
- Novembre - Décembre : "Corpus Natura" - Galerie GD - Gournay sur Marne (93) (P)
- Octobre - Novembre : Le Triton - Les Lilas (93) (P)
- Janvier : Galerie Mamia Bretesché - Paris 3ème (C)
- Septembre : Galerie les 7 Parnassiens - Paris 14ème (P)
- Février-Mars : Galerie Short Cuts - Namur Belgique (P)
- Juillet : "Le corps et l'âme" - Exposition internationale à Trinitapoli - Italie (C)