Photographe depuis une quinzaine d’années, Stéphane Mahé a pendant un certain temps pratiqué la photographie sphérique 360° et collaboré avec différents sites internet d’informations.
L’envie de s’orienter vers une photographie plus « personnelle » a donné naissance à une première collaboration avec les Edtions de Juillet et Arnaud Le Gouëfflec pour le livre «Terminus Saint-Malo » dans la collection villes mobiles et diverses expositions.
L’envie de s’orienter vers une photographie plus « personnelle » a donné naissance à une première collaboration avec les Edtions de Juillet et Arnaud Le Gouëfflec pour le livre «Terminus Saint-Malo » dans la collection villes mobiles et diverses expositions.
Aujourd’hui l’aventure photographique continue avec la série Somewhere.
C’est un lieu où le temps s’estompe. Un lieu où les contours physiques de la matière s’effacent. Ici la photographie retrouve la délicatesse des pictorialistes du XIXe siècle. Dans sa proposition, Stéphane Mahé ouvre une fenêtre sur un ailleurs impalpable et nous invite a faire un pas de côté, en quête d’une réalité seconde. Quelque part au bord du monde. Le lieu, le temps importe peu… Ici, celui qui regarde interprète, invente, raconte son histoire, ses histoires. Somewhere est une séquence d’images qui s’articulent comme une respiration fébrile dans laquelle chaque photographie est en revanche autonome et offre au regard la possibilité d’un commencement. Somewhere c’est bien sûr quelque part : quelque part entre hier et demain, quelque part entre le coin de la rue et le bout du champ ; un endroit si familier et pourtant, à un détail près, si différent, qu’on a envie de venir doucement s’y perdre |
"Il y a un mystère Stéphane Mahé, photographe parlant si simplement, si modestement, d’un travail remarquable. Proche de la peinture, son univers esthétique est fait de touches de couleur, de négociations fines entre les ombres et les lumières, de silhouettes lointaines. L’œil s’égare dans tant de volupté et de richesse chromatique. ... Les références se pressent, comme autant de repères très certainement inutiles. Il faut face à ses images quitter les rives étroites du savoir, et plonger dans une matière de grande densité poétique, tout oublier pour tout ressentir à neuf. Avec Stéphane Mahé, l’art est une forme d’allègement." Extrait du blog de Fabien Ribery "L'INTERVALLE" |
© Stéphane Mahé
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Elles, ils sont là dans cet espace clos des murs de la galerie sur deux niveaux. La vulnérabilité de leur existence explose dans le jeu des rayons de lumière des photographies. Elle saute sur le muret, sa jeunesse en bandoulière, la mer n’est jamais loin. Ne pas détourner le regard pour mieux entendre murmurer le comédien au son de l’accordéon. La vie s’étire, le corps se pose dans différentes apparitions du temps. L’identité n’existe pas, seul le mouvement insaisissable, indicible, marque l’arrêt à travers la fenêtre ouverte sur la mer parsemée d’ilots rocheux. La rencontre est impossible, ce face à face permet le vertige, l’interrogation, le cheminement vers une pensée inconnue. |
Comment ne pas se laisser porter par la profondeur de ces noirs où parfois une note rouge ponctue un lointain espoir ? L’identification est impossible, de dos, de côté, entre deux portes, derrière un mur, descendant des marches, comme des apparitions chargées d’histoires singulières qui nous invitent à la retenue, à la distance, à l’arrêt, au silence.
« Plus l’inspiration est pure, plus celui qui entre dans l’espace où elle attire, où il entend l’appel plus proche de l’origine, est démuni, comme si la richesse à laquelle il touche, cette surabondance de la source, était aussi l’extrême pauvreté, était surtout la surabondance du refus, faisait de lui celui qui ne produit pas, qui erre au sein d’un désoeuvrement infini. » Maurice Blanchot
Le voyage du photographe continue, il capte l’essor du quotidien, sans mise en scène. L’instant dévoile l’ordinaire de la vie. Nous allons tous, un jour, faire des courses avec un sac à la main. Quelques saltimbanques ponctuent parfois l’austérité de nos décors citadins, cherchant à égayer notre horizon parfois englué de souffrance. On échappe au vide mais pas à la solitude, celle qui donne le ton à notre être, cet être qui se remarque quand l’oeil sait regarder les profondeurs. Ombres et lumières cognent à notre mémoire, qui nous rappellent Magritte, Hopper… La course du temps est une chimère, la création artistique imprime la durée d’un espace éphémère.
Mais la réalité me rattrape, le sable colle à mes pieds, je lève la tête… qui me regarde chatouiller la vague face à Cézembre ?
Martine Chapin - La chambre claire Galerie - août 2020
« Plus l’inspiration est pure, plus celui qui entre dans l’espace où elle attire, où il entend l’appel plus proche de l’origine, est démuni, comme si la richesse à laquelle il touche, cette surabondance de la source, était aussi l’extrême pauvreté, était surtout la surabondance du refus, faisait de lui celui qui ne produit pas, qui erre au sein d’un désoeuvrement infini. » Maurice Blanchot
Le voyage du photographe continue, il capte l’essor du quotidien, sans mise en scène. L’instant dévoile l’ordinaire de la vie. Nous allons tous, un jour, faire des courses avec un sac à la main. Quelques saltimbanques ponctuent parfois l’austérité de nos décors citadins, cherchant à égayer notre horizon parfois englué de souffrance. On échappe au vide mais pas à la solitude, celle qui donne le ton à notre être, cet être qui se remarque quand l’oeil sait regarder les profondeurs. Ombres et lumières cognent à notre mémoire, qui nous rappellent Magritte, Hopper… La course du temps est une chimère, la création artistique imprime la durée d’un espace éphémère.
Mais la réalité me rattrape, le sable colle à mes pieds, je lève la tête… qui me regarde chatouiller la vague face à Cézembre ?
Martine Chapin - La chambre claire Galerie - août 2020
Où vas-tu? Somewhere avec la photographie qui inspire les plus beaux voyages
Chaque cliché du photographe français nous emmène là où l'on peut s'habiller de soleil même la nuit, le noir n'est pas effrayant et se sentir seul n'aide pas à se perdre mais à se retrouver.
Où vais-je ? Quelque part, entre le bout de la route et la courbe de l'horizon, le mystère des lumières et l'évidence des ombres. Nulle part et partout, sans souci du temps et de l'espace, de la chaleur de l’été et des finalités de mes vacances. Habillée de soleil même la nuit, à l’écoute du souffle fébrile de la vie qui sait arracher la poésie de toute chose et à toutes les histoires possibles que me raconte cette fille aux pieds nus, portant ses sandales et son destin entre ses mains, comme tous les personnages des vagabondages photographiques de Stéphane Mahé, transformées en projet, en une aventure d’édition et d'exposition. Somewhere, avec le dialogue de l'inconscient accueilli dans les 76 pages couleurs du livre publié aux Éditions de Juillet et dans les espaces d'exposition de la galerie « La chambre claire », sur la côte bretonne à Douarnenez, où l'exposition qui se tient jusqu'au 19 septembre 2020 et les notes chaudes d'instants arrachés au tissu émotionnel du quotidien inspirent les plus beaux voyages.
Se libérant de la folle course du présent sans futur et des coordonnées spatio-temporelles éphémères du rationnel, Somewhere plonge dans les replis de la réalité et dans les profondeurs des noirs qui ne sont pas effrayants. Doux comme certains tissus et souvenirs récupérés. Des noirs échevelés par des détails inattendus et des cheveux roux, des notes chromatiques de formes et de voix lointaines, peut-être seulement oubliées, comme certaines sensations et le silence qui remplit le vide de potentialité. Le photographe autodidacte français, fort des quinze années d'exploration panoramique à 360 ° du paysage
qui a également donné naissance à Christian Dior et qui change comme les marées de Saint-Malo, s'aventure dans une dimension plus personnelle de la photographie et dans le clair-obscur, avec une gestion de l'espace qui effleure la métaphysique de De Chirico et des personnages qui semblent sortir des énigmes peintes par René Magritte ou des conversations solitaires d'Edward Hopper. Des fictions pleines d'histoires, peut-être aussi de vérité, semblables aux évanescences des pictorialistes du XIXe siècle et au suspense du cinéma. Parfaites pour un voyage au milieu de notre imaginaire et de la beauté intrigante des habitudes qui s’offrent autrement, au regard éprouvé par le paysage quotidien, à la soudaine perte de repères et à l'inertie de cette période de distance insolite de tous et de tout.
Une promenade quelque part pour ne pas oublier le plaisir de le faire sans regarder derrière soi, pour retrouver ce que nous avons perdu, parmi les ruelles des villes et au fond du tunnel de la vie, en tournant le regard vers la mer et vers tout ce qui ne nous noie pas. Un soulagement pour le regard déconcerté par la réalité, une caresse, chaude et subtile comme la ligne de sable traversée par un homme en manteau, irrésistible comme les plis de la nuit ou d’une robe, qui dévorent les coordonnés des histoires et des géographies, avec l’agréable sensation de se sentir seuls mais jamais perdus.
Une cure à la mélancolie qui soigne le contemporain, rétablie par une perspective qui élude le superflu et en démonte les lieux communs sédimentés dans les replis de l’imaginaire. Dans le port breton de Douarnenez où accoste l’exposition jusqu’en septembre et dans les pages d’un livre. Le second publié par les Éditions de Juillet, après la recherche de contrastes en noir et blanc de Terminus Saint-Malo, avec le romancier, bédéiste et musicien Arnaud Le Gouëfflec, pour accompagner encore une fois le regard dans le vagabondage de territoires inconnus. Toi, où vas-tu maintenant ?
Par Simona Marani, Marie-Claire Italie, 11 septembre 2020
Un grand merci à Olivier-Attilio Favier pour la traduction
Chaque cliché du photographe français nous emmène là où l'on peut s'habiller de soleil même la nuit, le noir n'est pas effrayant et se sentir seul n'aide pas à se perdre mais à se retrouver.
Où vais-je ? Quelque part, entre le bout de la route et la courbe de l'horizon, le mystère des lumières et l'évidence des ombres. Nulle part et partout, sans souci du temps et de l'espace, de la chaleur de l’été et des finalités de mes vacances. Habillée de soleil même la nuit, à l’écoute du souffle fébrile de la vie qui sait arracher la poésie de toute chose et à toutes les histoires possibles que me raconte cette fille aux pieds nus, portant ses sandales et son destin entre ses mains, comme tous les personnages des vagabondages photographiques de Stéphane Mahé, transformées en projet, en une aventure d’édition et d'exposition. Somewhere, avec le dialogue de l'inconscient accueilli dans les 76 pages couleurs du livre publié aux Éditions de Juillet et dans les espaces d'exposition de la galerie « La chambre claire », sur la côte bretonne à Douarnenez, où l'exposition qui se tient jusqu'au 19 septembre 2020 et les notes chaudes d'instants arrachés au tissu émotionnel du quotidien inspirent les plus beaux voyages.
Se libérant de la folle course du présent sans futur et des coordonnées spatio-temporelles éphémères du rationnel, Somewhere plonge dans les replis de la réalité et dans les profondeurs des noirs qui ne sont pas effrayants. Doux comme certains tissus et souvenirs récupérés. Des noirs échevelés par des détails inattendus et des cheveux roux, des notes chromatiques de formes et de voix lointaines, peut-être seulement oubliées, comme certaines sensations et le silence qui remplit le vide de potentialité. Le photographe autodidacte français, fort des quinze années d'exploration panoramique à 360 ° du paysage
qui a également donné naissance à Christian Dior et qui change comme les marées de Saint-Malo, s'aventure dans une dimension plus personnelle de la photographie et dans le clair-obscur, avec une gestion de l'espace qui effleure la métaphysique de De Chirico et des personnages qui semblent sortir des énigmes peintes par René Magritte ou des conversations solitaires d'Edward Hopper. Des fictions pleines d'histoires, peut-être aussi de vérité, semblables aux évanescences des pictorialistes du XIXe siècle et au suspense du cinéma. Parfaites pour un voyage au milieu de notre imaginaire et de la beauté intrigante des habitudes qui s’offrent autrement, au regard éprouvé par le paysage quotidien, à la soudaine perte de repères et à l'inertie de cette période de distance insolite de tous et de tout.
Une promenade quelque part pour ne pas oublier le plaisir de le faire sans regarder derrière soi, pour retrouver ce que nous avons perdu, parmi les ruelles des villes et au fond du tunnel de la vie, en tournant le regard vers la mer et vers tout ce qui ne nous noie pas. Un soulagement pour le regard déconcerté par la réalité, une caresse, chaude et subtile comme la ligne de sable traversée par un homme en manteau, irrésistible comme les plis de la nuit ou d’une robe, qui dévorent les coordonnés des histoires et des géographies, avec l’agréable sensation de se sentir seuls mais jamais perdus.
Une cure à la mélancolie qui soigne le contemporain, rétablie par une perspective qui élude le superflu et en démonte les lieux communs sédimentés dans les replis de l’imaginaire. Dans le port breton de Douarnenez où accoste l’exposition jusqu’en septembre et dans les pages d’un livre. Le second publié par les Éditions de Juillet, après la recherche de contrastes en noir et blanc de Terminus Saint-Malo, avec le romancier, bédéiste et musicien Arnaud Le Gouëfflec, pour accompagner encore une fois le regard dans le vagabondage de territoires inconnus. Toi, où vas-tu maintenant ?
Par Simona Marani, Marie-Claire Italie, 11 septembre 2020
Un grand merci à Olivier-Attilio Favier pour la traduction
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Biographie et Principales expositions
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